Les mythes autour des véhicules électriques sont tenaces, oui mais pourquoi ?
Benoît Béchard, Ph. D. | Docteur en psychologie de la décision
Hussein Wazneh, Ph. D. | Centre RISC
Delphine de Hemptinne, M. A. | Université Laval
Temps de lecture : 25 minutes
Sommaire
Le marché mondial des véhicules électriques (VÉ) connaît une croissance fulgurante, passant de 2,5 à plus de 30 millions d’unités entre 2020 et 2030 [1]. Cette transformation s’accompagne d’une prolifération d’idées reçues [2-3]. Comprendre les mécanismes qui perpétuent ces mythes devient essentiel pour favoriser un débat éclairé sur les enjeux réels de la transition énergétique.
Les mythes relatifs à la transition vers une mobilité électrique
Si la transition vers la mobilité électrique est à présent engagée à l’échelle mondiale, elle s’inscrit dans un contexte géopolitique instable, marqué par le retour des tensions entre les grandes puissances, la fragilisation des institutions internationales et une polarisation politique toujours plus forte [4]. Ces bouleversements produisent des dynamiques complexes qui influencent nos sociétés et contribuent à fragmenter le tissu social. Dans cet environnement, les fausses croyances circulent facilement, et modifient la manière dont nous traitons et interprétons l’information. Ainsi, une vaste étude menée auprès de citoyens de plusieurs pays révèle qu’il y a aujourd’hui davantage de personnes qui croient à des idées fausses sur les VÉ que de personnes qui les rejettent, y compris parmi les propriétaires eux-mêmes [5]. Ce phénomène est loin d’être un cas isolé, puisqu’un nombre croissant de recherches mentionne la persistance des mythes relatifs aux VÉ [voir 6-8]. À ce sujet, le livre 50 mythes et demi-vérités sur les véhicules électriques [9] de Daniel Breton offre un regard clair sur ces idées reçues. En s’appuyant sur des données scientifiques, des comparaisons internationales, et des exemples concrets, l’auteur y passe en revue les inquiétudes les plus répandues (autonomie, infrastructures de recharge, empreinte carbone, impacts économiques) afin de faire la part des choses entre ce qui appartient aux faits et ce qui relève des idées préconçues.
Dans ce texte, nous examinerons quelques-unes de ces idées reçues, en gardant en tête que les nombreux mythes qui continuent d’alimenter le discours public sur les VÉ proviennent généralement d’une méconnaissance du contexte et des données scientifiques qui y sont associées [6-8].
Mythe 1 : Les véhicules électriques polluent plus que les voitures à essence
On entend fréquemment que, sur l’ensemble de leur durée de vie, les VÉ émettent plus de gaz à effet de serre que les voitures à essence. Pourtant, les analyses de cycle de vie (analyses qui tiennent compte de la fabrication, de l’utilisation et du recyclage, donc de l’impact de la vie entière d’un objet) montrent que leurs émissions de carbone restent généralement bien inférieures à celles des véhicules thermiques [11]. Au Québec, où l’électricité provient presque entièrement de l’hydroélectricité, cette réduction peut atteindre près de 90 %. Quant aux régions encore dépendantes du charbon, la différence demeure notable, puisqu’elle se situe entre 30 et 40 % [10].
Mythe 2 : L’extraction des métaux pour les batteries pollue trop
Parmi les critiques adressées aux VÉ, nombreuses sont celles qui disent que l’extraction minière nécessaire à la fabrication des batteries serait trop polluante pour justifier la transition électrique. Cet argument ne reflète cependant pas l’intégralité du tableau. En effet, même en tenant compte des émissions produites lors de l’extraction survenant lors de cette étape, le bilan carbone global d’un VÉ reste meilleur que celui d’un véhicule à essence [11].
Mythe 3 : Les batteries sont conçues pour ne pas durer
Certains croient que les constructeurs conçoivent volontairement des batteries irréparables ou non évolutives. En réalité, les données montrent qu’en conditions d’utilisation réelles, les batteries conservent plus de 80 % de leur capacité après 200 000 kilomètres parcourus, alors que la plupart des fabricants offrent des garanties de 8 à 10 ans (et pouvant aller jusqu’à 160 000 kilomètres) [12].
Mythe 4 : Les véhicules électriques performent mal lors des grands froids
Il s’agit d’un autre mythe bien ancré, surtout au Québec où l’adaptation des moyens de transport aux rigueurs du climat est un enjeu réel. Là encore, les faits contredisent la croyance populaire. En effet, même à des températures extrêmes de –40 °C, les VÉ demeurent pleinement fonctionnels et fiables, et certaines bonnes pratiques permettent de bonifier l’utilisation comme le pré-conditionnement de la batterie et de l’habitacle (amener la batterie et l’habitacle à une température de fonctionnement adéquate avant de prendre la route) ou en planifiant la recharge en fonction de l’horaire de départ prévu [13].
Mythe 5 : Les véhicules électriques sont dangereux
Contrairement à une idée encore largement répandue, les VÉ ne présentent pas un risque d’incendie supérieur à celui des voitures à essence. Des statistiques récentes indiquent même le contraire [15]. Et s’il est vrai qu’un phénomène de surchauffe des batteries est possible, les systèmes modernes de gestion thermique ont réduit considérablement ce risque [14]. Quant aux personnes qui craignent que les VÉ émettent des champs électromagnétiques néfastes pour la santé ou l’environnement, les études s’avèrent rassurantes : les champs mesurés à l’intérieur d’un VÉ sont inférieurs aux seuils dangereux pour l’humain, et trop faibles pour perturber la faune ou les migrations animales [16, 17].
Mythe 6 : Les véhicules électriques sont pour les plus fortunés
Si le mythe qui veut que les VÉ sont réservés aux plus aisés est répandu, force est de constater que la réalité a beaucoup évolué. Ces dernières années, le coût d’achat d’un VÉ a considérablement diminué, au point qu’on compte aujourd’hui plus de cinquante modèles de véhicules électriques et hybrides rechargeables vendus à un prix équivalent à celui d’un véhicule neuf au Canada [18]. Cette offre variée permet aux consommateurs de trouver des alternatives abordables aux véhicules à essence.
La persistance des mythes : comprendre pourquoi
Les mythes entourant la mobilité électrique sont tenaces. À l’intersection de la psychologie de la décision, de l’étude de la désinformation et de l’évaluation du risque, nos travaux cherchent à mieux comprendre comment les individus traitent et interprètent l’information. Nous nous sommes notamment intéressés aux raisons pour lesquelles certaines idées reçues persistent malgré des preuves contraires. Et comme nous le verrons, la réponse se trouve en partie dans la complexité du monde dans lequel nous vivons.
La complexité de nos environnements de décision
La complexité est la principale caractéristique des environnements de décision du monde réel. Elle implique de prendre en compte de façon simultanée une multitude de facteurs qui s’influencent les uns les autres, et qui évoluent et se transforment avec ou sans notre intervention. Dans ce contexte, nous n’avons pas toujours accès aux informations nécessaires pour décider, et nous nous retrouvons fréquemment à poursuivre des objectifs contradictoires (par exemple, utiliser un VÉ pour réduire notre empreinte écologique, tout en voyageant régulièrement en avion pour le travail et les loisirs).
Les mythes concernant les VÉ prennent racine dans cet environnement de décision complexe, où la multitude d’informations qui nous parviennent, que ce soit par les voies numériques ou les médias traditionnels, met à l’épreuve les limites de la cognition humaine [19]. Ce trop-plein d’informations crée une surcharge qui affecte notre capacité à distinguer ce qui est essentiel et superflu, et à nous en servir pour décider. Pour y faire face, nous avons plutôt tendance à recourir à des stratégies mentales destinées à réduire ou simplifier l’information [20].
Traiter l’information complexe
Le rôle des stratégies de simplification est mieux compris en se référant à l’analogie du système à deux vitesses. Notre cerveau dispose de deux systèmes. Assimilable à l’intuition, le système 1 est rapide et automatique; il fonctionne sans effort et repose notamment sur des impressions spontanées. Le système 2, en revanche, correspond au raisonnement conscient. Il analyse, vérifie, et applique des règles logiques. Comme le système 2 requiert un effort mental soutenu, nous avons tendance à laisser les impressions et les jugements provisoires générés par le système 1 s’exprimer librement [21]. Voilà pourquoi l’esprit humain préfère accepter une information potentiellement inexacte (utilisation automatique du système 1), plutôt que de mobiliser l’effort nécessaire pour l’analyser, la vérifier et la corriger (mobilisation coûteuse du système 2) [22].
Quand les croyances et les intuitions s’en mêlent
Dans un monde saturé de contenus, la multiplication des informations favorise le recours au système 1. Nous faisons régulièrement appel à des stratégies de réduction de l’information plutôt qu’à notre capacité d’analyse [23]. Ces stratégies sont des raccourcis influencés par nos croyances personnelles [24], ainsi que par la forme sous laquelle l’information nous est présentée [25, 26]. Dans certaines circonstances, les suggestions intuitives du système 1 peuvent conduire à des erreurs.
Mais attention, les raccourcis ne conduisent pas systématiquement à des raisonnements erronés. Les intuitions qu’il génère peuvent s’adapter efficacement aux problèmes rencontrés et servir nos intérêts [27]. C’est le cas, par exemple, lorsque quelqu’un pressent qu’à long terme les VÉ pourraient contribuer à réduire la dépendance collective aux énergies fossiles, sans pour autant avoir analysé exhaustivement les différentes facettes du sujet. Toutefois, lorsque nous acceptons comme vraie l’information qui nous est partagée sans faire l’effort de la comparer à d’autres sources [28], nous amplifions le risque d’adopter un comportement cognitif problématique, comme la tendance à focaliser notre attention sur des détails plutôt que sur l’ensemble de la situation, ou la tendance à nous fier aux informations qui nous viennent facilement à l’esprit pour prendre une décision. Ce genre de comportements nous expose à un plus grand risque d’erreurs de raisonnement, comme le fait de chercher une cause unique pour expliquer une situation (généralisation), concevoir l’avenir comme une simple prolongation du présent (comme si le futur était prévisible), ou encore, ne retenir que les données qui confirment nos croyances [29].
La complexité et la transition énergétique
Des erreurs de raisonnement peuvent apparaître dans le contexte complexe de la transition énergétique. Pour mieux le comprendre, prenons l’exemple du déploiement des bornes de recharge en zones rurales. Déterminer où, quand et comment les installer n’est pas qu’une question d’investissement financier. Ce choix dépend d’une multitude de facteurs, comme la densité du réseau électrique, les coûts d’entretien, ou l’élaboration d’un modèle d’affaires viable. Tous ces facteurs sont reliés ; modifier l’un entraîne des répercussions sur les autres.
De la même façon, le coût encore relativement élevé des VÉ malgré les subventions résulte d’un équilibre fragile entre les politiques gouvernementales, la mondialisation de la production, les stratégies industrielles propres à chaque constructeur, et la perception des consommateurs quant à la valeur de la technologie. À cela s’ajoute la disponibilité limitée de certains modèles, qui résulte notamment de la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement mondiales particulièrement sensibles aux fluctuations du prix des matières premières, influencé à son tour par les conflits commerciaux, les politiques tarifaires, les stratégies d’épuisement économique, et les choix stratégiques opérés par les constructeurs. Enfin, lorsqu’on parle de VÉ, d’autres enjeux comme les temps de recharge plus longs que le ravitaillement en essence, exigent une révision des habitudes de mobilité et une reconfiguration des infrastructures urbaines.
Quand simplifier conduit à se tromper
Confrontés à la complexité induite par de multiples couches d’information, nous avons tendance à simplifier pour comprendre. L’intuition agit comme un mécanisme d’économie cognitive : elle vise à minimiser les efforts et le temps nécessaire pour prendre des décisions. Or, dans un contexte où les idées fausses circulent aussi librement que les faits, nos intuitions risquent fort d’être biaisées. S’appuyer sur ces dernières peut accroître considérablement les erreurs, surtout lorsque les informations sur lesquelles elles reposent sont fausses.
Désinformation ou mésinformation ?
Les mythes persistants qui entourent les VÉ constituent une forme de désinformation. La désinformation consiste en une information de qualité variable, idéologiquement motivée et orientée. Elle se distingue de la mésinformation, qui désigne le partage d’une information involontairement erronée. La désinformation provient donc bien d’un acte délibéré, qui vise à transmettre des informations intentionnellement biaisées, dans le but d’induire en erreur (par exemple, manipuler l’opinion publique ou renforcer certaines croyances au détriment d’autres). Les décisions qui en découlent peuvent alors limiter notre capacité collective à répondre aux problèmes existants, les aggraver, ou pire, en générer de nouveaux.
Un paysage médiatique fragmenté
Le paysage médiatique contemporain, où se côtoient médias traditionnels, plateformes numériques et sources non officielles, engendre une forte disparité dans la qualité et la fiabilité de l’information. Cet environnement fragmenté est propice à la prolifération de la désinformation et de la mésinformation. La désinformation renvoie à la diffusion intentionnelle d’informations fausses dans le but de tromper, tandis que la mésinformation consiste à relayer des contenus qui peuvent s’avérer inexacts sans intention malveillante.
Ainsi, des plateformes de réinformation peuvent profiter de la confusion pour produire et diffuser des contenus idéologiquement biaisés, prétendant rétablir une « vérité cachée » tout en se présentant comme des alternatives crédibles aux médias traditionnels [30]. Les sources de réinformation sont parfois si convaincantes qu’il est difficile de distinguer leurs contenus des médias officiels [31]. Il arrive que des sources officielles deviennent eux-mêmes des vecteurs de mésinformation en diffusant des renseignements potentiellement erronées sans vouloir tromper délibéremment.
En 2022, l’assureur allemand AXA met en scène un test de collision avec une Tesla Model S. Relayées par de nombreux médias alternatifs, les images montrent le véhicule en flammes, laissant croire que les VÉ présentent un risque élevé d’incendie. En réalité, la batterie avait été retirée du véhicule, et l’incendie était entièrement simulé à l’aide d’effets pyrotechniques [32]. Bien qu’elle ne soit pas vraie, cette vidéo a été interprétée comme une preuve que les batteries des VÉ s’enflamment rapidement après un impact.
Pourquoi sommes-nous si réceptifs à la désinformation ?
Les effets de la désinformation dans le domaine de la mobilité électrique ont été largement documentés. Les recherches montrent que l’adhésion aux idées fausses est répandue.
L’un des principaux facteurs favorisant l’adoption de ces idées fausses est l’adoption d’une attitude favorable aux théories complotistes [33]. Par théories complotistes, nous entendons l’ensemble des théories qui entretiennent la conviction que les conspirations sont répandues, et que le monde est gouverné par la corruption et les agendas cachés. Cette vision du monde fondée sur la méfiance envers les institutions et les gens qui y travaillent favoriserait la crédulité à l’égard de la désinformation.
Les attitudes jouent un rôle déterminant dans la perception qu’une personne entretient à l’égard des VÉ. Elles se construisent au fil du temps sous l’influence croisée de différents facteurs sociaux, familiaux et professionnels, et se renforcent lorsqu’elles s’alignent avec les intérêts, l’identité et les valeurs personnelles [34]. Dans le cas de thèmes socialement polarisants, comme celui de la transition énergétique, ces attitudes peuvent renforcer l’adhésion à la désinformation [24] plutôt que la corriger. Elles contribuent ainsi à expliquer pourquoi certaines personnes en viennent à croire aux théories du complot ou considérer comme vraies des idées fausses concernant les VÉ (par exemple, les gouvernements imposent les VÉ pour contrôler la population, car ceux-ci peuvent être désactivés à distance).
Les attitudes influencent non seulement la manière dont nous recherchons l’information, mais aussi l’effort cognitif (ou l’absence d’effort) que nous y consacrons. Elles nourrissent le biais de confirmation, c’est-à-dire la tendance à sélectionner et interpréter l’information en fonction de nos préjugés et d’hypothèses qui nous sont chères [35]. C’est l’une des raisons pour lesquelles les personnes qui sont animées par une méfiance profonde envers les VÉ sont plus susceptibles d’adhérer à la désinformation qui les discrédite et de se raccrocher à des idées reçues telles que : les batteries ne sont pas recyclables, l’extraction du lithium engendre davantage de dommages environnementaux que l’exploitation du pétrole, ou la capacité énergétique disponible au Québec est incapable d’absorber la transition massive vers les VÉ.
Ces énoncés ne résistent pas à l’analyse scientifique. En effet, les recherches récentes recensent de nombreuses méthodes innovantes pour le recyclage des batteries et de leurs composants [36]. De plus, même si la fabrication des VÉ entraîne des impacts environnementaux, son bilan carbone global demeure plus favorable que celui des véhicules diesel ou à essence [37]. Enfin, Hydro‑Québec prévoit d’ajouter entre 8 000 et 9 000 MW de puissance à son réseau d’ici 2035, afin de soutenir la transition énergétique en accentuant l’électrification des transports et la décarbonation [38], tandis que l’utilisation de technologies comme la recharge intelligente (smart charging) et la charge hors pointe permettront d’absorber graduellement la croissance du parc électrique sans nécessiter de renforcement majeur du réseau.
Se prémunir contre la désinformation
La lutte contre la désinformation repose sur un certain nombre d’outils et de stratégies qui visent à combattre l’influence des idées fausses sur la prise de décision [39]. Les chercheurs s’accordent à dire qu’une approche transversale déployée sur plusieurs fronts est la voie la plus prometteuse pour réduire l’impact des mythes qui entourent les VÉ.
Diffuser des connaissances claires et crédibles
Le niveau général de connaissances sur les VÉ exercerait un effet positif sur leur adoption [5]. Alors que le niveau d’éducation n’influencerait pas significativement la vulnérabilité à la désinformation, l’accès à des informations claires et fiables sur la mobilité électrique, partagées par des sources comme les concessionnaires et les organismes gouvernementaux, serait déterminant pour augmenter la confiance de la population envers ces véhicules [40]. Ainsi, il semble important de multiplier les initiatives de communication factuelle sur le sujet. Dans le même ordre d’idées, le renforcement des programmes de conscientisation sociale pourrait contribuer à corriger les fausses perceptions et mieux faire connaitre les politiques publiques mises en place pour soutenir la transition énergétique [41].
Former à la reconnaissance des biais
Des formations sur les biais cognitifs pourraient contribuer à sensibiliser la population à la manière dont les raccourcis mentaux influencent le traitement de l’information et la prise de décision au sujet des VÉ. L’objectif n’est pas de maîtriser tous les biais répertoriés dans la littérature scientifique, mais d’apprendre à identifier les plus évidents, afin de mieux les reconnaître dans son propre jugement [42]. Cette prise de conscience vise à encourager une interprétation plus critique des contenus médiatiques afin de favoriser une meilleure compréhension des enjeux liés aux VÉ.
Opter pour des stratégies d’inoculation
Les stratégies d’inoculation visent à préparer les individus à ne pas se laisser tromper par la désinformation avant même qu’ils y soient exposés. Elles utilisent des exemples atténués de techniques trompeuses pour illustrer concrètement comment les personnes pourraient être dupées. Elles peuvent également inclure des avertissements relatifs aux techniques de manipulation [43].
Cette approche agit comme un « vaccin cognitif » qui peut renforcer la résistance à la désinformation. Son efficacité dépend toutefois de nos attitudes et de nos croyances préexistantes. Par exemple, une personne qui est persuadée que les VÉ font partie d’une conspiration qui contrôle les déplacements des citoyens pourrait être indifférente à l’inoculation des mythes sur les batteries. Certaines études mentionnent même que ce type de stratégies d’exposition pourrait avoir un effet contraire et renforcer les croyances erronées [44].
Pour éviter cet « effet boomerang », l’inoculation doit être renforcée par la diffusion régulière de contenus éducatifs qui exposent les tactiques récurrentes de désinformation (manipulation émotionnelle, fausses analogies) et qui renforcent la littératie médiatique [45]. Ces efforts gagnent en crédibilité lorsqu’ils mobilisent des figures reconnues (experts, leaders locaux ou personnalités influentes sur les réseaux sociaux) capables de transmettre l’information de manière fiable et accessible aux différents publics.
Notons que les stratégies d’inoculation peuvent être utilisées en complémentarité à d’autres approches pour minimiser l’effet délétère de la désinformation [46]. Des stratégies de déconstruction des mythes peuvent contribuer à renforcer l’efficacité des campagnes de sensibilisation destinées au grand public. Ces interventions prennent la forme de vérifications factuelles, par exemple en ajoutant des avertissements aux contenus identifiés comme faux. Toutefois, il convient de garder en tête qu’une information corrigée peut continuer à influencer les représentations individuelles. En effet, une personne ayant été exposée à une fausse information peut ne pas intégrer la rectification ultérieure et maintenir ses croyances erronées [47].
Favoriser la confiance et l’expérience
Des mesures gouvernementales ciblées visant les populations ayant un accès limité aux infrastructures de recharge pourraient compléter les stratégies d’inoculation et de déconstruction des mythes [48]. Ainsi, des initiatives comme les coopératives d’autopartage électrique ou les journées d’essai grand public renforceraient la familiarité avec la technologie et favoriseraient l’expérience directe, deux leviers essentiels de la confiance. Celle-ci peut également se développer graduellement par le partage communautaire de l’information entre utilisateurs et potentiels utilisateurs [49].
Développer la pensée critique et systémique
Les approches de capacitation [50] et la promotion d’initiatives visant le développement de compétences durables, comme la pensée critique, pourraient aider la population à mieux traiter l’information complexe qui circule à propos des VÉ, en leur apprenant à comparer et questionner les sources, donc à adopter une posture réflexive à leur endroit. Fondée sur une compréhension systémique des enjeux sociaux complexes, la pensée critique pourrait aider à concevoir la transition énergétique comme un système dans lequel les dimensions politiques, économiques, environnementales et technologiques donnent naissance aux défis contemporains [51]. Adopter une pensée critique pourrait minimiser l’influence d’une vision réductrice centrée sur des facteurs isolés et relativiser les mythes persistants entourant les VÉ.
Et maintenant ?
Le défi de la transition énergétique est immense. Il s’agit d’un enjeu complexe qui occupe les communautés humaines à l’échelle planétaire. Outre les stratégies qui gagnent en efficacité lorsqu’elles sont soutenues par des initiatives collectives et sociétales, certaines pratiques peuvent d’ores et déjà être adoptées quotidiennement à l’échelle individuelle pour renforcer la résistance à la désinformation et soutenir l’adoption éclairée des VÉ.
Apprenez à tolérer (l’inconfort de) l’incertitude
Nous avons tendance à privilégier les pensées qui confirment nos croyances, lesquelles se construisent et se maintiennent à travers le dialogue intérieur — la discussion que nous entretenons avec nous-mêmes et qui nous permet de donner du sens à nos actions et de définir notre identité. Le malaise qui survient lorsque nos comportements contredisent nos croyances est à l’origine du biais de confirmation. Ce biais fonctionne comme un mécanisme de régulation émotionnelle, destiné à réduire l’inconfort généré par la dissonance entre nos pensées et l’image que nous avons de nous-mêmes.
Lorsque vous êtes confronté à une information qui vous déplaît ou qui suscite une émotion désagréable, apprenez à demeurer dans ces sensations en vous rappelant qu’elles sont passagères. Demandez-vous ce qui peut amener quelqu’un à adopter ce point de vue. Reconnaître qu’il existe des situations où l’incertitude peut être souhaitable et accepter l’inconfort qui y est associé favorise l’ouverture à des informations nouvelles et des perspectives divergentes [52]. Dans le contexte des VÉ, il s’agit moins de tolérer les émotions inconfortables que d’apprendre à en débattre avec ouverture.
Prenez l’habitude de confronter plusieurs sources
Ce qui semble évident n’est pas forcément vrai. Accumuler tous les arguments qui confortent notre position, même lorsqu’ils sont contradictoires, et surestimer le nombre de preuves soutenant notre point de vue constitue une forme exacerbée du biais de confirmation. Au contraire, consulter différentes sources d’information permet de confronter des points de vue divergents sur un même sujet, ce qui a l’avantage de contribuer au développement de l’esprit critique.
La prochaine fois que vous discuterez avec des amis qui ne partagent pas votre point de vue, cultivez une posture d’écoute active. Ne vous contentez pas d’attendre votre tour pour parler; intéressez-vous à ce qu’ils disent en approfondissant leurs propos par de nouvelles questions. Vous finirez par être pleinement engagé dans la discussion sans en avoir vraiment conscience, tout en manifestant une ouverture envers l’autre, qui, de ce fait, sera spontanément disposé à vous écouter. Dans tous les cas, vous aurez confronté vos croyances, sans avoir cherché à convaincre indûment. Écouter et vous intéresser ne vous rendent pas moins légitime.
Remettez en question vos biais
Être ouvert et pratiquer l’écoute active ne signifie pas accepter aveuglément tout ce qui vous est dit. Vous avez le droit de vous forger une opinion sur les sujets qui vous concernent. Toutefois, faites l’effort conscient de remettre en question ce que vous apprenez, non pas parce que l’information est nouvelle, mais parce qu’elle est produite par des êtres humains, qui sont par nature biaisés et perfectibles.
Pour ce faire, confrontez vos propres préjugés en consultant des sources que vous auriez habituellement écartées en raison de leur position opposée à vos convictions. Pratiquez l’ouverture d’esprit délibérée : cherchez activement des informations qui contredisent vos hypothèses de départ [53], en gardant à l’esprit que se laisser convaincre n’est pas un signe de faiblesse, mais bien une marque de maturité intellectuelle. Demandez-vous ce qu’en penserait une personne que vous respectez et qui a une opinion contraire à la vôtre.
La même logique de remise en question s’applique au raisonnement. L’intuition n’est pas mauvaise en soi. Elle le devient lorsqu’elle nous confine à un raisonnement réducteur qui ne nous permet pas d’évaluer correctement une situation complexe. À cet égard, des outils comme l’intelligence artificielle et les robots conversationnels peuvent être utiles, à condition qu’ils soient entraînés sur des jeux de données exempts de désinformation. En effet, les individus qui échangent leurs opinions avec l’IA semblent moins adhérer aux idées fausses et aux théories du complot [54].
Conclusion
La désinformation entourant les véhicules électriques demeure répandue, alimentant plusieurs mythes malgré leur adoption croissante. Dans cet article, nous déconstruisons certains de ces mythes et proposons des leviers fondés sur les connaissances scientifiques, tant à l’échelle sociétale qu’individuelle. Sur le plan collectif, cela passe par des formations sur les biais cognitifs, des campagnes de sensibilisation, des stratégies d’inoculation et des interventions gouvernementales ciblées. Sur le plan individuel, il est essentiel de cultiver l’esprit critique, de croiser les sources, de remettre en question ses propres croyances et d’apprendre à reconnaître ses biais.
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